Adhésion

Il faut libéraliser le marché des capitaux

Samy Agli à Horizons : «Il faut libéraliser le marché des capitaux»

 Dans cet entretien, le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC, ex-FCE) souligne que le patronat attend un signal fort de la part de l’Exécutif afin de donner un coup d’accélérateur à la relance économique. Il soutient que le patronat privé est prêt à contribuer et à mettre son épargne au profit de l’économie, à condition que le marché financier soit dynamisé et le climat des affaires amélioré.

Le Conseil national économique, social et environnemental a appelé le privé à mobiliser son épargne pour des investissements utiles à la relance économique. Quelle sera la contribution du privé ?

Le financement de l’économie par la mobilisation des capitaux privés est en effet une question très importante. Le patronat n’a jamais cessé de mettre en avant la problématique liée au financement économique et a appelé à l’accélération de la réforme bancaire avant même  la réforme des institutions en lien avec l’économie. Il est impératif aujourd’hui de lever cette rigidité qui caractérise nos banques. Nous avons un nouveau modèle économique à construire, lequel nous impose la recherche sérieuse de nouvelles sources de financement. Ce n’est pas un choix. C’est une option imposée par notre situation économique. Plusieurs pays à travers le monde sont à la recherche justement de nouvelles solutions autres que celles que nous avons connues dans les moments où nous étions à l’aise. Le privé est prêt à apporter son appoint à travers son épargne pour le financement de l’économie. Encore faut-il baliser le terrain et diversifier les formes de placement. Force est de constater que nous n’avons pas de marché financier dans lequel le privé peut placer son argent. Dans les moments difficiles, des placements ont été réalisés dans le foncier et l’immobilier. Mis à part ces deux secteurs, il n’existe pas d’autres placements de sécurité. Je pense que le temps est venu de libéraliser totalement le marché des capitaux de financement. Cela étant dit, il s’agit de permettre au fonds d’investissement d’émerger. Idem pour le fonds des pensions. Le développement du marché financier ne peut se faire sans la dynamisation de la Bourse d’Alger

D’un côté, le patronat plaide pour la libération des initiatives, et de l’autre, le CNESE estime que le privé ne prend pas assez de risques et n’investit pas dans des créneaux créateurs de richesse. Quel commentaire en faites-vous?

Dire que le privé ne prend pas de risques est complètement faux. Il ne faut pas oublier que l’apport du privé à l’économie nationale est indéniable. 7 sur 10 travailleurs sont dans le privé, et c’est lui qui contribue le plus au développement économique comparativement aux entreprises publiques. Il ne s’agit nullement de faire une comparaison, surtout que la Constitution prône l’égalité entre les deux secteurs, mais à un certain moment, il faudrait se poser la question sur la rentabilité des entreprises et sur qui distribue les dividendes. Maintenant, il est beau d’inciter le privé à investir de nouveaux créneaux, mais il est important également de souligner l’impératif de libérer les initiatives et de lever les contraintes. Ouvrir aujourd’hui une banque privée tel que recommandé par le président du CNESE est certes une bonne idée, mais cela reste difficile à concrétiser. La Banque d’Algérie exige un capital de 20 milliards DA, soit 130 millions d’euros, pour prétendre à ce genre de projet. C’est énorme. Cela étant dit, il est nécessaire d’entreprendre les bonnes réformes. Le transport aérien reste également fermé et interdit au privé. Cette ouverture évoquée même par le président de la République devrait se traduire par des textes de loi. Il y a des dossiers en instance, il suffit de les dépoussiérer et pourquoi pas inscrire de nouveaux projets. Mais avant tout, il faut commencer par l’assainissement du climat des affaires et la dé-bureaucratisation du processus de création de richesse, dont le secteur financier qui est censé être la locomotive de la construction de ce nouveau modèle économique. Aussi, il est important de dépénaliser l’acte de gestion. Nous ne pouvons en aucun cas avoir un bon climat des affaires sans le rétablissement de la confiance. C’est la pierre angulaire. Il n’y a pas plus peureux qu’un investisseur. Il cherche à avoir une réglementation stable, un meilleur cadre de sécurité, de garantie et de l’excellence. Nous devons donner aussi et surtout la chance à nos jeunes et tirer profit de leurs compétences. Il faut encourager ces talents et leur permettre de concrétiser leur rêve en Algérie et pas ailleurs.

Où en est le plan de relance économique ?
Notre organisation a remis ses propositions. Il y a un nouveau gouvernement. Pour l’instant, nous attendons qu’il entame son travail. Une chose est sûre : la priorité est donnée à l’économie. Ceci s’est clairement traduit par le choix du président de la République porté sur Aimene Benabderrahmane pour le poste de Premier ministre. L’attente est, en effet, énorme de la part des opérateurs  économiques, notamment en matière de prise de décisions en relation avec la réforme bancaire. Un dossier qu’il maîtrise parfaitement.

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